Marinoni
Usine de matériel d'équipement industriel (usine de presses typographiques) Voirin, puis Marinoni, puis Harris, puis Heidelberg, puis Goss
Hauts-de-France, Oise, Montataire
1 rue Ambroise-Croizat, rue des Déportés
Liens internet : https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/IA60001699
Historique
A la suite de la construction de la gare de Montataire, la mairie lance des démarches auprès de plusieurs industriels parisiens pour lotir des terrains situés dans sa proximité. Dès 1889, la société Voirin, fabricant de presses lithographiques et typographiques rue Mayet à Paris projette de s'installer près de la gare. Ce n'est qu'en mai 1892, que Jules Voirin achète 5200 m² de terrains au lieu-dit les Bas-Prés pour y transférer son usine. Les ateliers, reliés au chemin de fer, sont édifiés dans le courant de l'année 1893 et couvrent une superficie de 600 m². D'autres agrandissements ont lieu entre 1893 et 1914 et la surface couverte bâtie atteint 11000 m² sur un terrain de 17 000 m². Avant 1914, l'usine comprend une vaste halle regroupant les différents ateliers, les machines et les outils, un bâtiment abritant la menuiserie et un troisième servant de magasin pour les pièces finies. Des aires de stockage pour le bois, le fer et les fontes sont également aménagées. L'usine est desservie par le chemin de fer, elle possède deux ponts roulants pour le transbordement. Les ateliers sont éclairés par 50 lampes à arc et 250 lampes à incandescence. Pendant la Première Guerre mondiale, l'usine abrite, pour les besoins de la Défense Nationale, la fabrication de têtes d'obus. Dès 1919, des négociations sont entamées avec l'usine de fabrication de presses Marinoni pour regrouper les deux productions. La Société des Anciens Etablissements Marinoni et Voirin réunis est créée en novembre 1923. A l'époque, l'entreprise Marinoni est portée par la célébrité de son fondateur Hippolyte Marinoni, inventeur de la presse rotative à quatre cylindres et créateur en 1889 du Petit Journal Illustré, supplément hebdomadaire du Petit Journal, imprimé en couleur. Son petit-fils Jacques-Simon Lorière prend la direction de la société Marinoni de 1909 à 1919 et participe au rachat de la société Voirin en 1926. Entre 1920 et 1926, l'ancienne usine Voirin fait ainsi l'objet d'un programme d'extension et de transformation confié aux architectes Auguste et Gustave Perret et à l'ingénieur Louis Gelusseau. Ces derniers sont déjà intervenus sur deux sites industriels voisins, l'usine de construction mécanique Wallut et la fonderie Grange, appartenant à la société Marinoni. La construction des nouveaux ateliers commence en février 1922 et consiste notamment en la mise en place de sheds paraboliques dont le brevet est déposé en octobre 1921. Les travaux d'agrandissement se poursuivent en 1926 et en 1929. Endommagés par les bombardements aériens de 1944 (17 tonnes de ferrailles et vieux métaux provenant des machines sinistrées seront vendues), les ateliers couverts en sheds de béton sont reconstruits par l'agence Perret en 1945 et 1946 en adoptant le système des sheds en dents de scie. Les autres travaux sont confiés à des entrepreneurs de la ville (Delavigne et de Berti). En 1950 est mis au point pour le Reader Digest la première machine offset multicolore en bobines. En 1962, la société Marinoni est l'agent français de la firme Intertype Corporation de Brooklyn, filiale de la société américaine Harris. Celle-ci passe l'année suivante un accord d'assistance technique avec la société Marinoni et s'implante ainsi sur le marché européen. En mai 1968, l'usine ferme pendant trois semaines et les difficultés financières nées de cet arrêt sont prises en charge par la société Harris Intertype qui restructure la société Marinoni. Deux grandes halles destinées au montage de grandes rotatives d'imprimerie sont construites en 1969. Entre 1970 et 1972, le siège social et tous les services sont regroupés à Montataire : la société prend le nom de Harris-Marinoni. Le groupe américain est acheté en 1988 par le groupe allemand Heidelberg Druckmaschinen AG. Au cours de la décennie 1980 des aménagements destinés au grenaillage, au sablage, au brunissage et au séchage de pièces sont réalisés. La société prend le nom de Heidelberg-Harris SA en 1991 puis Heidelberg Web Press en 1995 et Heidelberg Web Systems en 1999. Afin que le nom d'Hippolyte Marinoni soit conserver malgré les changements successifs de raison sociale, un square à son nom, situé face à l'entrée de l'usine est inauguré en 1994. En 2004 le groupe américain Goss International Corporation acquiert Heidelberg Web Systems. L'usine couvre aujourd'hui une superficie totale de 116 485 m² dont 45 000 bâtis et emploie 700 personnes. La fabrication concerne des rotatives d'imprimerie de type M 600, utilisées pour les supports de 16 pages recto-verso (120 fabriquées par an) et S 4000 pour les supports 24, 48 et 96 pages (40 par an).
Description
L'usine actuelle se déploie de part et d'autre de l'avenue Ambroise-Croizat. Les ateliers de production s'intègrent dans un vaste quadrilatère fermé à l'est par la rue des Déportés et longé au sud-ouest par la rue Ambroise-Croizat. Le bureau d'études et de recherches s'intègre lui dans un parcellaire inscrit entre les rues Ambroise-Croizat et André-Ginisti (anciens terrains de l'usine voisine de construction de machines agricoles). Sur le plan architectural, trois périodes de construction se côtoient. D'une part, les ateliers en rez-de-chaussée construits à la fin du 19e siècle. Ceux-ci ont un soubassement en pierre, une élévation en brique, une charpente métallique apparente, des colonnes en fonte supportant le toit à deux pans en tuile mécanique. D'autre part les ateliers bâtis par les architectes Perret dans les années 1920 (béton, couverture en béton et sheds paraboliques). Enfin les ateliers couverts en sheds en dents de scie avec charpente métallique apparente et poteaux en treillis métallique. Une grande partie des ateliers d'origine ont été intégrés aux aménagements postérieurs. Cet aspect est clairement lisible le long de la rue Ambroise-Croizat. Les pignons à redents des ateliers en brique, percés de baies en plein cintre dont le contour est souligné de briques silico-calcaire rehaussées d'un harpage de briques vernissées bleu turquoise, voisinent avec le portail monumental en béton armé sommé de la raison sociale Marinoni. Les ateliers en béton, construits pour certains dans le prolongement des ateliers en brique, adoptent une couverture en sheds paraboliques de béton. Le bureau de la comptabilité est élevé à l'angle des rues des Déportés et Ambroise-Croizat. Il est construit en pierre de taille sur un étage carré. La toiture à croupes et longs pans est en ardoise. Le niveau d'entablement porte en relief et en pierre la raison sociale de l'usine : MARINONI. Le long de la rue des Déportés, le transformateur électrique est construit en béton et couvert d'un toit en voile de béton. Il porte sur le mur pignon le monogramme M inscrit dans un cercle. Le raccordement à la ligne de chemin de fer est encore visible. Le bâtiment abritant à l'origine les bureaux, l'habitation du concierge et le logement de la direction a été démoli au cours de la décennie 1990. Il était construit en brique en rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés et un étage de comble, sa toiture à deux pans était en tuile mécanique.