Daden, Forges, Usinor, Sollac, Arcelor, Arcelor-Mittal
Ancien moulin à blé Daden, puis usine de papeterie, puis usine métallurgique dite Forges et Fonderie de Montataire, puis Usinor, puis Sollac, puis Arcelor, puis Arcelor-Mittal-Montataire
Hauts-de-France, Oise, Montataire
ex-Rue Mertian : Rue Lénine, Rue de Dheisheh,, Route de Saint-Leu
Lien internet : https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/IA60001672
Historique
L'origine industrielle du site remonte quelques années avant 1789 lorsque l'anglais Taylor établit au bord du Thérain une fabrique de poterie. En 1791, il crée une papeterie à l'emplacement du moulin à blé Daden. En novembre 1794, le chimiste Weyland-Stahl obtient l'autorisation de faire construire un moulin à poudre au lieu-dit les Anglais, riche en salpêtre (embouchure du Thérain). Dès la fin de l'année, plusieurs ouvriers sont affectés à la fabrication de la poudre. En août 1796, le comité du salut public ordonne l'arrêt de la production. Le moulin est démoli à partir de septembre 1796. Lors de l'inventaire réalisé sur les lieux en janvier 1798, les bâtiments sont en ruine. En 1807, le site, acheté par Gindre, est transformé en tréfilerie mais sans succès. En 1810, il est repris par Praire qui améliore le cours du Thérain afin d'obtenir une chute suffisamment importante pour l'alimentation de deux roues hydrauliques verticales. En difficultés financières, Praire doit s'associer aux frères Mertian, négociants parisiens et à Georges Dufaud originaire de Nevers qui devient directeur de l'usine. Celle-ci devient en 1813 la propriété de Bernard et Louis Mertian qui y installent une usine de tôle et fers blancs laminés en utilisant de vieux fers provenant de Paris et de Belgique. Ils poursuivent les travaux sur le Thérain engagés précédemment et n'hésitent pas à acquérir les installations hydrauliques situées en amont et en aval (moulin Coulette, moulins d'Astier) afin d'avoir toute la liberté dans le développement souhaité. En 1823, Mertian qui espère traiter le minerai de fer des forêts voisines décide de transformer son usine. La fabrique de tôles et fers blancs laminés est ainsi convertie en fonderie et forge de fer et de cuivre. L'usine dispose de quatre roues dont la plus importante, d'une puissance de 80 chevaux entraîne une machine Saulnier. Bernard Mertian meurt en 1828 et son frère Louis continue seul l'amélioration de l'usine. Entre 1835 et 1840, l'usine installe trois fours à puddler doubles, trois fours de chaufferie pour le soudage, deux fours de chaufferie pour le corroyage et l'étirage des fers, deux fours à réverbère de chaufferie pour les grosses tôles, six fours dormants pour fabriquer la tôle, un four à réverbère pour le décapage du fer blanc, quatre bains d'étamage, six paires de cylindres dégraississeurs et étireurs et quatre laminoirs. La force motrice atteint 170 chevaux dont 120 hydrauliques et 50 à vapeur répartis sur les différents ateliers. La matière première vient dans un premier temps de Paris et des départements du Nord, des Ardennes et de l'Aisne avec lesquels l'usine est en communication par voies navigables. Mais face à la demande croissante des nombreuses forges implantées autour de Paris Louis Mertian doit se tourner vers la Belgique. Les statuts de la société anonyme des Forges et Fonderies de Montataire sont approuvés par ordonnance royale du 5 juillet 1840. Deux hauts fourneaux situés à Aulnoy-les-Berlaimont dans le département du Nord (pour pallier la hausse de la fonte belge), deux gazomètres et un four à gaz (pour l'éclairage des ateliers) sont édifiés en 1845. La même année, la société des Forges présente un projet pour la construction d´un quai sur l´Oise et d'un embranchement relié aux voies du Chemin de Fer du Nord. En 1854, la direction de l'usine est prise par l'alsacien Fröhlich. L'année suivante, Joséphine Gosselin, veuve de Louis Mertian obtient l'autorisation d'ériger une chapelle sur le site de l'usine : elle est inaugurée et bénie par l'évêque de Beauvais en 1857. Au cours de la décennie 1860, un nouveau gazomètre est installé pour l'éclairage des ateliers. En 1864 la société vend le site d'Aulnoy et achète l'usine d'Outreau située (Pas-de-Calais) puis celle de Frouard près de Nancy. En 1869, l'usine comprend 24 fours à puddler, 6 fours d'affinerie, 24 fours à recuire, 17 trains de laminage dont 6 à tôles, 5 de fer blanc et les autres de profilés. La production de fonte brute est de 29 000 tonnes par an. En 1880 un four Martin est installé dans l'usine. A la fin du 19e siècle, la société achète une imprimerie à Nantes destinée au marquage des fers blancs pour la fabrication de boites de conserves. En 1900, la fabrication du fer est définitivement abandonnée au profit de l'acier produit par l'usine du Frouard. Avant la Première Guerre mondiale, l'usine compte 3 fours Martin de 18 tonnes, 4 trains de profilés, 12 trains à tôles, 18 chantiers d'étamage et de galvanisation et 18 machines à vapeur fournissant 7000 chevaux. Pendant la Première Guerre mondiale, l'usine qui est réquisitionnée pour la Défense nationale, produit 2500 tonnes par mois de projectiles et de bombes. Après le massif effort de guerre, la société des Forges connaît des difficultés économiques : le dernier four Martin et les trains à fer marchands sont arrêtés en 1922 et la fabrication de fûts de fer est lancée. L'usine se modernise lors de sa fusion en 1929 avec la Société Anonyme des Hauts Fourneaux et Laminoirs de la Sambre. Une centrale thermique alimentée par les fines de charbon des Houillères de Lens est construite en 1929-1930 au bord du Thérain. Quatre laminoirs sont également construits ainsi qu'un atelier de galvanisation. En 1933, la Société Anonyme des Hauts Fourneaux et Laminoirs de la Sambre est absorbée par les Forges et Aciéries du Nord et de l'Est. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine continue à produire malgré le manque de main-d´œuvre et de matières premières. Les sabotages de 1943 et les bombardements de 1944 contraignent l'usine à sa fermeture provisoire. Après le conflit, un nouvel essor s'amorce : l'Union sidérurgique du Nord de la France (Usinor) choisit en 1948 le site de Montataire pour y implanter le premier train de laminoir à froid continu d'Europe. L'usine est totalement reconstruite entre mai 1948 et décembre 1949 : construction des ateliers de laminage, du château d'eau, d'entrepôts, du réfectoire, aménagement de l'entrée sur la rue Lénine. Des extensions régulières sont réalisées au cours des années 1950 et 1960 : elles conduisent notamment à la destruction de la chapelle et à l'édification de l'autre côté de la rue Lénine d'un bâtiment pour les douches, d'un garage à vélos et d'une salle de sports. Entre 1948 et 1961, la société Usinor augmente son parc immobilier : elle fait construire des cités ouvrières et logements d'ingénieurs (étudiées IA60001729 ; IA60001724) et achète le château de Montataire dont elle lotit le parc de 10 pavillons (étudiés IA60001722). La ligne de galvanisation est ouverte en 1957 et celle de laquage en 1965. Deux filiales sont créées en 1974 à côté d'Usinor sur le territoire de Saint-Leu-d'Esserent : Galvanor et Coloracier. Au début des années 1980, la société fait construire un grand bâtiment destiné au recuit continu avec un laminoir sur l'ancien site des Ponts et Travaux en Fer (mis en service en 1986). En 1992, la maison élevée rive gauche du Thérain pour les Mertian, anciens directeurs de l'usine, est détruite : à son emplacement est construit le Centre d'Etudes et de Développement. La ligne de tôle sandwich est ouverte en 1994. L'activité du recuit continu cesse en juillet 2004 et le laminoir à froid ferme en décembre 2006. Aujourd'hui trois lignes de production sont en activité : la ligne de galvanisation (1 millions de tonne de produits galvanisés produits par an), la ligne de tôles sandwich (16,1 tonnes/an) et la ligne de laquage (119 t/an). Le site occupe une superficie de 63 ha dont 38 ha sont couverts. Longtemps dénommée société des Forges et Fonderies de Montataire, le site prend le nom d'Usinor entre 1948 et 1988, puis devient Sollac, Sollac-Atlantique en 2000, puis Arcelor en 2001 et enfin Arcelor-Mittal en 2006. En 1813, l'établissement fonctionne grâce à deux roues hydrauliques. En 1828, 4 roues hydrauliques sont mises en place dont l'une de 6,15 mètres de large permet de faire fonctionner une machine Saulnier. En 1830, l'usine dispose de fours à réverbère pour la fonte, de 3 fours à puddlers, de 2 fours dits à grosses tôles, de 5 fours dormants pour la tôlerie et de 2 fours dormants pour la ferblanterie. En 1854, l'usine fonctionne avec 14 machines à vapeur, dont deux de 80 chevaux (couplées à la grande roue hydraulique), une machine de 16 chevaux, pour l'atelier mécanique, une autre de 20 chevaux pour la soufflerie de la forge et une de 35 chevaux pour les cisailles et les scies. Quatre marteaux pilons sont également en fonctionnement à cette date. En 1813, l'usine emploie 40 salariés. En 1828, les forges se développent et emploient 145 personnes dont 15 femmes et 24 enfants. En 1837, l'usine de tôle laminée, cuivre et fer blanc compte 191 ouvriers. En 1858, l'usine emploie 1592 hommes, femmes et enfants dont 1000 sont originaires de Montataire (qui compte 3370 habitants), les autres viennent des communes voisines de Creil, Nogent et Saint-Maximin où un bac est mis en service sur l'Oise pour faire venir les ouvriers. En 1860, 1800 employés travaillent pour la société des forges et près de 2500 en 1880. Dix ans plus tard, l'effectif est diminué de moitié avec 1230 employés et 1700 en 1898. Malgré ses fluctuations dans le nombre de personnes travaillant aux forges, la société reste le premier employeur de l'Oise jusqu'à la Première Guerre mondiale. Pendant la Première Guerre, la société emploie 595 hommes, 27 femmes, 220 belges, 2 alsaciens lorrains et 1 hollandais. Environ 900 personnes travaillent aujourd'hui sur le site.
Description
Le site d'Arcelor est divisé en deux par la rivière du Thérain qui finit sa course quelques dizaines de mètres plus loin dans l'Oise. L'entrée d'origine de l'usine (entrée du personnel aujourd'hui entrée des camions), le long de la rue Lénine, s'ouvre par un portail en arc de cercle. Elle est prolongée de part et d'autre par un mur de clôture en brique et béton datant de l'après-guerre. La partie située rive gauche comporte l'ancien cœur de l'usine : ateliers de fabrication, bureaux et magasin général. Les anciens ateliers de fabrication avec la ligne de décapage-laminage sont construits en parpaings de béton sur une ossature métallique. Ils sont couverts d'un toit en terrasse. Le bâtiment du recuit continu long de 265 mètres et haut de 40 mètres est bardé intégralement de tôles. Les anciens bureaux, le centre social, la conciergerie et les garages à vélo sont installés le long de la rue Lénine dans des bâtiments en brique et béton de 1 à 3 étages carrés. Ils sont couverts d'une toiture à deux pans en tuile mécanique, vestige des précédentes constructions ce qui donne une allure assez singulière au couvrement. A l'intérieur les paliers et les escaliers sont soignés : marches en marbre, départ de la rampe d'appui ouvragée et main courante en métal. L'ancien magasin général est construit sur 2 étages carrés en brique, bardé partiellement de tôle. Il est constitué de deux bâtiments identiques accolés couverts chacun d'un toit à deux pans en tôle ondulée. L'ensemble des ateliers de décapage et laminage sont parcourus par un réseau de voies ferrées. Le centre d'études et de développement est une construction tout en bardage métallique. La rive droite du Thérain est occupée par le château d'eau (béton) et la centrale thermique (brique, béton, toit en voile de béton), bâtiment le plus ancien conservé sur le site. Les lignes de galvanisation, de laquage et de tôle sandwich sont abritées dans des constructions en bardage métallique. De l'autre côté de la rue Lénine s'élèvent le bâtiment des douches (actuellement bibliothèque), des garages à vélos, une salle de sports et la cantine. Le bâtiment des douches et les garages à vélos adoptent le même type constructif que les bureaux : brique et béton, toit en terrasse ou à un pan. La salle de sports est bardée de tôle et couverte d'un toit à deux pans. La cantine du personnel est en rez-de-chaussée. Des ponts (pour les trains et camions) et passerelles (piétonnes) ont été construits sur le Thérain pour faciliter la circulation entre ses deux rives.